Poèmes

Petite Fille


Petite Fille dans le noir, que fais-tu là? Pourquoi restes-tu dans cet enclos sombre qui ne t'est nullement imposé ? Ne veux-tu pas rejoindre la lumière? Après tout, ça ne peut être que plus réjouissant que de vivre ici, dans le noir permanent. Toi Petite Fille qui erre vêtue de cette robe originellement blanche. Maintenant elle est sale. D'une saleté invisible à l'oeil nu. D'une saleté que toi seule connaît. Toi et ton corps. Vous êtes les deux seuls capable d'expliquer ce que tu es devenue. D'ailleurs pourquoi ne l'enlèves-tu pas? Tiens-tu à garder cette horreur sur toi? Tu connaîs sa signification pourtant. Mais tu ne l'enlèves pas pour autant. Serais-tu déjà engloutie par ce sentiment de survie. L'indifférence est déjà venue prendre sa place. Tu es loin de tout maintenant, tel un fantôme emprisonné dans une ancienne battice. Sans aucun moyen d'y échapper. Petite Fille qui marche. Petite Fille qui avance. A chaque pas tu vas vers les Ténèbres. A chaque pas tu t'y enfonces. Mais déjà cela n'a plus d'importance. Tout est fini depuis sa présence. Cette présence qui te parcourt et que tu sens au plus profond de toi. Cette malsainité dont tu ne peux plus te défaire. Un bruit... Tu l'as entendu. Oui bien sûr que tu l'as entendu. Ici règne le silence, maître mot de ces lieux. Mais pourtant, chaque jour ce même bruit vient le détruire, vient briser cet état d'absence que ce maître mot a imposé chez toi. Comme du verre que l'on brise. Ce verre, c'est toi. Et parfois, désespérément tu essayes de te recoller mais certaines fissures restent. Ce bruit te parcourt. Et à nouveau il te détruit. Tout ceci a un sens. C'est un moment prècis dans le cycle. Un moment que tu subis. Un moment que tu redoutes bien que tu le connais dans ses moindres détails. Tu sais que ce n'est que le premier bruit d'une chaîne. Tout ira très vite et tout t'échappera. Encore une fois, tu lui obéiras. A regret sûrement. Mais il est trop tard. Car toi tu ne vois pas l'échappatoire. Tu n'es pas qu'enfermée ici. Tu es aussi enfermée en toi. Qui sait si un jour tu arriveras à t'en sortir. Toi Petite Fille sombre. Toi âme perdue. Au final que désires-tu vraiment? Le bruit se rapproche. Es-tu prête à revivre ce moment. Es-tu réellement prise au piège ? Cela fait longtemps que tes rivières de larmes se sont ternies. Plus une seule ne passe le barage imposé. Essayerais-tu de la défier ? La fuite serait tellement plus simple. Mais tu n'es pas comme ça. C'est vrai. Toujours ce désir de puissance de ta part Petite Fille. Bruit. Tu sais pourtant qu'il est fort possible que tu ne gagnes pas... Dans ton errance, tu en oublies l'essentiel. Ta méthode est mauvaise et déjà tu t'y perds. Au fond il n'existe pas de sortie. Et cependant c'est là que tu vas. Le sais tu?


Le temps s'écoule, la vie se meurt.

Tu reviens à toi. Tu te renfermes encore plus. Le bruit est passé...
Tu ne lui as pas échappé. L'indifférence te reprend.
Tu recommences à avancer.


Pour toi ce premier pas fourni est une victoire alors que tu ne te rends pas compte que pour Ellie c'est une défaite de ta part. Pourquoi ne veux tu pas le voir. Est-ce si difficile à admettre...Pour toi ça doit l'être. Tu n'as jamais accepté d'être contrôlée, Petite Fille indépendante. Tu es enchainée maintenant. Par toi. Par tes chimères. Par eux. Par Ellie. Petit Enfer perdu. Perdu dans ton coeur. Coeur brisé. Coeur recollé. Coeur oublié. Tu n'es tellement plus toi et pourtant tu n'as pas tant changé. Quelle ironie. Tu n'es plus que paradoxes. Volonté et soumission. Réalité et imaginaire. Même toi parfois tu t'y perds. Crois-tu vraiment t'en sortir en continuant comme ça. Au fond de toi tu connais la réponse à la question. Mais dans ce fond, c'est aussi le chaos total. Comment savoir ce que tu sais, ce que tu nies ou, au final, ce que tu ne sais pas. Après tout tu restes une Petite Fille, n'est-ce pas Petite Fleur en train de fâner. Si seulement tu acceptais de voir...Mais tes yeux sont voilés et ton regard perdu.

Illusion berce-moi, prends moi dans tes bras.


L'as -tu remarqué ? Oui bien sur... Cet étranger venant déranger le silence imposé. Comment aurais-tu pu ne pas le remarquer. A son premier pas tu l'as senti. Depuis qu'il est ici tu l'observes. Qui est-ce? Que veut-il? C'est ta curiosité qui te pousse à regarder. Tu voudrais en savoir plus, tu voudrais qu'il reste... Mais en même temps, tu sais ce qui l'attend. Alors, dans cette petite partie de coeur réel qui te reste, tu voudrais qu'il parte. Aurait-il ravivé la vie en toi Petite Fille. Ou plutôt tu te dis que ça ne fait qu'en rajouter à ton cauchemar. Pourtant ne pourrait-il pas te sauver lui? Te sortir de cette vie qui te détruit, de cette personne qui te salit. Tu le regardes de loin. Pourquoi cette peur ? Es-tu si attachée à cette vie. Pourtant n'as tu pas envie de recrouvrer ta liberté, enlever cette saleté qui s'incruste en toi comme un venin parcourant tes veines. Si tu ne bouges pas, il risque de partir, de s'envoler et de te laisser derrière. Tu entends sa voix ? Cette voix douce qui résonne déjà dans ta tête. Cette voix si différente de celle âcre, vide et crue que tu as l'habitude d'entendre. Cette voix écrasante et effrayante. Celle qui ne fait que te tuer un peu plus chaque jour. Alors qu'attends-tu... Dehors est rempli de ces voix mélodieuses. Tu recules ? Tu sais ce qui lui arrivera s'il reste plus longtemps. Alors pars avec lui... ou fais le partir. Parce que sinon tu sauras ce qu'il lui arrivera, ce qu'Ellie lui fera. Tu hésites. tu sens ce qui te reste de vie en toi se manifester. C'est tentant n'est ce pas. Toi Petite Fille trop longtemps maltraitée. Reviens à la vie, laisse toi aller. Elle ne viendra jamais te chercher. Ton coeur se serre...l'étranger est en train de s'en aller. Tu avances de nouveau. Tu veux courir. Mais il est trop tard. Ellie a déjà sa main posée sur ton épaule. Trop envahie par ce désir de vie, tu en as perdu l'ouïe fine que tu avais développée pour repérer le bruit. Ce bruit. Tu ne l'as pas vue venir. Maintenant tu as trop hésité, tu vas payer. Tu ne bouges déjà plus. Ta peur reprend le dessus. Tu te rends compte que cette souffrance dans laquelle tu vis est ancrée en toi. Et ta peur ne fait qu'augmenter. Maintenant que l'espoir est revenu en toi tu te rends compte que tu ne pourras jamais partir. Mais tu le savais. Pourtant, malgré tout, tu espérais. En toi il y avait encore un peu de vie, et dans cette partie lointaine, un espoir restait. Mais finalement tu es enchaînée à cette personne. A cet Enfer. Malgré toute espérance tu ne partiras jamais. Tu te sens vaciller mais Ellie te tient. Cette main qui se resserre, ressere cet étau déjà bien serré. Tu as l'impression que cette main s'enfonce dans ta chair. Mais tu n'as pas tort. Cette souffrance à venir et ce plaisir de te voir souffrir s'enfonce en toi comme des griffes acérées.

Ton malheur fait son bonheur.
Tu es sa proie, son souffre douleur.
Tu es sa victime, son jouet.
Cette présence te suivra partout.
Elle vit en toi.
Cet Etre qui te salit, fait de toi un monstre.
Cette personne qui te ressemble tellement mais qui est ton opposée.
Ton autre personnalité.


Je veux mourir pour pouvoir être libre.